LA SUPPLICATION*
LA SUPPLICATION
Par Paulo Rebelo
Pendant des décennies, j’ai été médecin d’une femme inoubliable, même son surnom l’était : ZUZA.
C’était une femme pleine d’esprit et de volonté . Fervente Catholique , elle était très humaine et solidaire avec son entourage. La franchise était son point fort ,ce qu’elle avait à dire , elle le disait sans envoyer de messages.
Son amitié et son amour pour moi n’ont grandi qu’au fil du temps au point qu’elle me considérait vraiment presque comme un fils et me grondait si je ne l’appelais pas,”même pour savoir si elle était vivante”
J’ai commencé à la considérer beaucoup et nous étions très amis et heureux.
Elle savait que j’aimais le canard “bien lourd “ pour le Cirio de Nazaré et mon anniversaire et ainsi elle m’en faisait cadeau avec ceux qu’elle élevait dans sa cour.
Elle souffrait de la perte de son mari et de ses enfants, fidèle à sa FOI, optimiste, elle a toujours eu un mot d’espoir et de tranquilité pour ceux qui venaient la voir cela la rendait toujours disponible à sa préocupation pour les autres. Je ne l’ai jamas vue dire “non”.
Malgré son hypertension-stade 3, la plus élevée et après que je sois devenu son médecin, il n’a jamais eu besoin de demander de l’aide en cas d’urgences ou d’hospitalisation hypertensive/ ou pour un autre problème. Je le crois parce que j’étais l’une des rares personnes à laquelle elle obéissait.
Le poids de l’âge et de la vie la rendait déprimée et d’un autre côté ,même en priant encore plus , elle se demandait pourquoi elle semblait maintenant douter de sa FOI. Je lui disais que les problèmes du quotidien augmentaient et qu’elle n’avait plus l’énergie ou la force pour y faire face.
Dès lors, la dépression s’est aggravée et en raison de complications cardiovasculaires elle a dû être hospitalisée, mais la Foi semblait y être latente priant toujours avec un chapelet en mains.
Le coup miséricordieux dans sa vie s’est produit avec (AVC) l’accident vasculaire cérébral hémorragique de son fils aîné, qui lui a laissé des séquelles : d’ aphasie et d’hémiplégie, le rendant complètement dépendant d’elle et de sa soeur même pour les activités et les besoins quotidiens.
C’était trop, même pour une mère. Lucide mais avec le temps, elle a perdu la joie de vivre. Elle souffrait silencieusement . Elle ne disait rien ou parlait très peu.
De ma vie l’une des scènes les plus dantesques que j’ai vues ,en tant que médecin , c’est quand je l’ai vue assise dans son fauteuil devant la chambre de son fils. La porte était ouverte et elle priait, mais ses yeux n’avaient pas de vie seulement des larmes.
Elle m’a serré la main, elle m’a regardé avec la force pâle qui lui restait ,s’est interrogé sur l’étât clinique de son fils puis dit en soliloque “Pourquoi mon Dieu? Pourquoi ne m’emmenez-vous pas bientôt?”
Puis un jour ,DIEU écouta ses supplications. Elle est décédée peu de temps après.
Quelques semaines plus tôt, par destin , la mère et le fils ont fini par être hospitaliser presque simultanément dans la même Unité de Soins Intensifs (CTI); elle pour un AVC avec sa mémoire encore préservée. Ils se tenaient côte à côte, séparés seulement par un paravent .C’était pénible de leurs rendre visite , de voir les membres de la famille cacher leurs sentiments douloureux et leurs larmes.Avec beaucoup de difficulté, elle a demandé “comment va mon fils?”
Ainsi DIEU l’a épargnée de plus grandes souffrances , elle est décédée sans savoir que son fils bien- aimé était là à côté d’elle, tout comme elle l’était à sa naissance
Paulo Rebelo , l’écrivain du temps